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Economie en question: Economie de marché et mondialisation

Parler de la dimension nouvelle que la mondialisation apporte aux échanges commerciaux, surtout des aspects positifs et négatifs de ce phénomène sur la finance, les grosses multinationales, les PME locales et niveau de vie des populations, revient à poser la question des enjeux de la mondialisation sur l’économie du marché. En effet, le terme « enjeu » désigne ce que l’on peut gagner ou perdre dans une compétition ou dans un défi. Alors quels sont les enjeux majeurs de la mondialisation en ce début du XXIème siècle sur la finance, les grosses multinationales, les PME locales et le niveau de vie des populations?
D’entrée de jeu il faut noter que la mondialisation a une double connotation. Elle fascine car elle représente un nouvel horizon d’opportunités en ce troisième millénaire, mais, elle inquiète aussi, car elle peut être perçue comme une menace pour l’ordre économique et social de chaque Nation. Cependant, au-delà de la peur et des fantasmes, la mondialisation est avant tout caractérisée comme un phénomène économique ancien et continu du développement du capitalisme libéral. Elle est donc un processus et non un état. Pour certains acteurs de la vie économique et sociale, ce nouvel essor du capitalisme est le fondement d’une « horreur économique » (V. FORRESTER) et, pour d’autres, elle est un phénomène économique irréductible, car, tout développement économique, selon les thèses du libre-échange, passe par une ouverture totale et exclusive des forces du marché. Mais qu’est-ce que la mondialisation de l’économie ?
Définition de la mondialisation
La mondialisation désigne une interdépendance croissante des économies entre elles pour former une économie globale ou une économie monde dans laquelle les frontières s’effacent progressivement au nom des bienfaits du libre-échange. Le terme de mondialisation (aussi appelée globalisation) est également le processus d’intégration des marchés et de rapprochement des hommes qui résulte notamment de la libéralisation des échanges, du développement des moyens de transport de personnes et de marchandises, et des retombées des technologies de l’information et de la communication à l’échelle planétaire1. Elle se manifeste par, outre l’interdépendance croissante des économies (mondialisation économique) et l’intensification de la concurrence, l’expansion des échanges et des interactions humaines. Ce phénomène s’est accéléré à partir des années 90 pour conduire à une intégration non seulement des échanges commerciaux mais également de la production et des capitaux. Alors quels sont les principaux mécanismes de ce processus ? Quels en sont ses rouages ?
Les mécanismes de la mondialisation
La mondialisation repose sur l’engrenage de trois rouages :
• Le rouage commercial : qui représente la mondialisation des échanges commerciaux. Il se traduit par l’accroissement de l’espace commercial des nations.
• Le rouage de la production : qui se caractérise par la transnationalité des investissements directs à l’étranger et s’accompagne de l’extension de l’espace productif liée aux activités croissantes des multinationales et des délocalisations.
• Le rouage financier : qui correspond à la globalisation financière, c’est à dire à une internationalisation des capitaux. Il se caractérise donc par la création d’un marché financier au niveau planétaire où toutes les places financières sont reliées entre elles par internet.
Ces trois rouages interdépendants connectent toutes les économies entre elles pour en faire une économie globale. Mais les économies sont-elles intérêt à devenir globales ? Quels sont les enjeux majeurs associés à un tel processus ?
Les enjeux de la mondialisation
La mondialisation suscite de nombreuses craintes, car l’ouverture des frontières, malgré les bienfaits théoriques du libre-échange évoqués par les théoriciens libéraux (A.SMITH et D.RICARDO du XVII / XVIIIème siècle), conduit les nations à protéger leurs propres intérêts ou ceux de leurs acteurs économiques afin de faire face à une concurrence de plus en plus forte dans la réalité. Elle contribue aussi à creuser les écarts de richesses entre les pays industrialisés et les pays en développement. Les échanges commerciaux mondiaux s’effectuent essentiellement entre les pays de la triade (USA, EUROPE, ASIE SUD EST CHINE/JAPON) et, sont donc dominés en grande majorité par les pays développés qui peuvent imposer leur loi économique. Si la participation à l’échange commercial mondial peut représenter un facteur de développement économique, elle ne s’est pas accompagnée d’une réduction des inégalités entre les pays riches et les pays pauvres, bien au contraire ! De ce fait l’échange mondial représente un frein au développement de certains pays.
Alors faut-il laisser se creuser un tel fossé et laisser le marché maître de la répartition des flux commerciaux ? Voilà un des enjeux de la mondialisation.
Aux niveaux des entreprises
Au niveau des multinationales il faut surtout souligner l’aspect managérial de la mondialisation consiste en la localisation des toutes fonctions de l’entreprise (les firmes multinationales) à l’échelle mondiale en fonction du critère du coût de revient. L’effondrement du bloc communiste à partir de la chute du Mur de Berlin en 1989 a reconfiguré le marché mondial et l’a unifié au profit du libéralisme économique qui règne en maître dès lors sur la planète. Cette extension de l’espace commercial modifie la structure de la concurrence et engage les entreprises dans une course effrénée à la recherche de gains de productivité. Celles-ci n’hésitent plus à se délocaliser, à fractionner leur production dans plusieurs pays (exemple NIKE, ADIDAS.. les entreprises du textile, de l’informatique, de la sidérurgie… et la grande distribution), n’hésitent plus à licencier leur personnel malgré la hausse de leur profit (exemple DANONE en 2001…., ARCELORMITTAL en 2008…).

Cet espace productif devient mondial grâce à la mobilité des facteurs de production, au développement des groupes multinationaux et grâce à l’essor des nouvelles technologies d’information et de communication. Cette mondialisation de la production renforce les échanges de capitaux et rend nécessaire leur décloisonnement, leur dérèglementation et leur libre circulation pour financer les investissements internationaux. La mondialisation expose les PME particulièrement dans les pays en voie de développement, ou elles ont des faibles ressources et évoluent en marge des nouvelles techniques de l’information et de la communication pour leur grande partie.
Sur la finance
Une nouvelle logique financière s’est instaurée, c’est pourquoi les spécialistes parlent plutôt de « globalisation » financière que simplement de mondialisation. On peut dire qu’aujourd’hui une sphère financière globalisée existe eu sein de l’économie mondiale. La mondialisation introduit une explosion sans précédent dans l’histoire des flux financiers à l’échelle du monde, qui est engendrée en grande partie par les facilités d’échanges informatiques sur la toile. La globalisation financière a favorisé le financement des entreprises et celui des balances des paiements. En supprimant les obstacles à la circulation du capital elle a donné une impulsion sans précédent aux marchés financiers. Force est cependant de constater que les vrais gagnants au jeu de la finance internationale moderne sont surtout les firmes multinationales, les Trésors publics, les établissements de crédit et les investisseurs institutionnels. Cependant il est important de souligner quelques aspects négatifs ou risque lié aux marchés financiers globalisés.
Les principaux risques liés au développement des marchés financiers sont :
• La volatilité des marchés s’est accrue, entraînant une instabilité des taux d’intérêts et des taux de change ;
• Les risques systémiques engendrés soit par des pertes économiques importantes ou par une perte de confiance se transmettent plus facilement à l’ensemble de l’économie (théorie des dominos).
La globalisation financière a donné naissance à des risques nouveaux en engendrant des instabilités nouvelles. La question de la maîtrise de cette globalisation se pose aujourd’hui avec acuité car les États et les institutions (FMI, Banque mondiale…) ont montré leur impuissance lors de crises importantes. Au-delà des risques nouveaux engendrés par la globalisation financière, de nouveaux acteurs apparaissent également. Les Hedge funds notamment sont des acteurs financiers opaques dans leur fonctionnement et complexes dans leurs relations avec les autres acteurs. N’ayant pas de définition légale, Aglietta, Khanniche et Rigot définissent les hedge funds à travers un ensemble de caractéristiques : l’absence de contraintes dans le champ des investisseurs, la multiplicité des stratégies, le dopage de rendement par l’effet de levier (endettement), les commissions de rémunération asymétriques et le recours à l’autorégulation31.
En définitive, cette libéralisation financière a favorisé une meilleure allocation des ressources financières dans le monde. Elle a permis une meilleure orientation de l’épargne mondiale vers les investisseurs, mais, a aussi accru les probabilités de risques systémiques ou « domino » c’est à dire qu’un accident financier isolé se propage à l’ensemble de la planète (crise financière de 1997 et crise du crédit hypothécaire (subprime) aux USA en 2008) du fait de l’imbrication des Etats par ces trois rouages. Elle a aussi facilité le développement des paradis fiscaux et gonflé artificiellement et virtuellement la sphère financière. Des masses de capitaux financiers sont mises en jeu par des parieurs ( « traders »), qui prennent de plus en plus de risques jusqu’à mettre en péril leur propre banque ( exemple de la société générale).
De plus, cette très forte mobilité des capitaux internationaux limite la portée des politiques économiques considérées comme incompatibles par les agents économiques opérant sur le marché financier mondial et, sanctionnant tout écart par des opérations de change ou de transferts de capitaux. Leur marge de manœuvre se trouve donc limitée par les intérêts de certains acteurs économiques privés appelés « les nouveaux maîtres du monde ».
Alors là aussi, faut-il laisser le marché décider de l’orientation des capitaux ou, au contraire réglementer ces flux financiers dans un souci d’éthique économique ?
Alors la transformation de ces trois espaces de l’économie ne réduirait-elle pas le pouvoir relatif des Etats par rapport aux forces du marché ?
A côté de cette nouvelle configuration de l’espace économique, cette transformation accentue le dérèglement naturel de notre planète. En effet, les profits d’aujourd’hui font les nuisances de demain et les catastrophes d’après demain.

Alors combien d’années de tempête, d’inondation, de sècheresse, de déboisement des forêts, faudra-t-il voir défiler devant nos yeux pour enfin stopper l’asphyxie de la planète, et demain, celle de l’économie ?
Au niveaux de la Population
L’accès d’un nombre croissant d’individus à des réseaux d’information et de communication32 communs conduit à deux effets :
Le premier est une prise de conscience accrue de la diversité culturelle et de l’interdépendance de l’ensemble des individus. Du fait de la multiplication des sources d’information, cela s’exprime par une meilleure connaissance de l’environnement et des enjeux mondiaux. Le patrimoine culturel mondial change de visage : L’Unesco en dresse une image plus documentée (liste Mémoire du monde) et plus vivante (patrimoine culturel immatériel de l’humanité). Des cultures minoritaires (amérindiens, bushmen) ont ainsi pu trouver une visibilité nouvelle, tandis que les questions à dimension internationale voient la montée en puissance des ONG comme acteurs de premier plan. De même, le fort brassage des courants religieux et philosophiques a stimulé l’œcuménisme et le dialogue interreligieux. Mais inversement, des communautarismes identitaires fondés sur un refus du relativisme et l’affirmation de la supériorité d’une culture sur les autres, se sont développés de manière concomitante.
Le deuxième est l’émergence d’une sorte de « culture commune » marquée notamment par le recours à un « anglais de communication » (parfois appelé globish, pour global english), version appauvrie de la langue anglaise, des références culturelles américaines ou occidentales portées par des produits culturels (cinéma, musique, télévision, informatique) ou des modes de vie (sports occidentaux, cuisine italienne, chinoise…). Certains y voient un risque d’appauvrissement de la diversité culturelle, voire la domination d’une certaine conception des rapports économiques et sociaux. Le terme de civilisation universelle est en soi objet de polémique. Certains auteurs, y compris dans le monde anglo-saxon, n’hésitent pas à parler d’un impérialisme linguistique de l’anglo-américain33.
Certains auteurs n’hésitent pas à évoquer une conflictualité, une guerre d’influence véhiculée par la culture, en vue d’accroître la suprématie idéologique des protagonistes; à l’instar de Daniel Lindesberg, par exemple, qui déclare: « la guerre culturelle, théorisée par les néo-conservateurs, ne fait que commencer »34. D’autres comme Bruno Bernard dans l’Export facile pour Pme-Pmi donne la francophonie comme un atout majeur pour les francophones mais qui est souvent négligé par les francophones eux-mêmes.
A l’heure actuelle cette mondialisation se caractérise par l’engrenage des trois rouages (évoqués ci-haut) activés par la main invisible « celle du marché » qui transforme l’espace économique. Une telle transformation de la dimension spatiale de l’économie accentue la concurrence entre les biens, les services et les capitaux, mais élargit également le champ de cette dernière à l’ensemble des politiques publiques nationales, à la culture, à l’éducation, à la protection sociale, à la fiscalité, aux règles et modèles d’organisation. Ainsi la mondialisation de l’économie met en concurrence des nations dont les valeurs, les institutions, les règles, les richesses peuvent être différentes, ce qui explique pourquoi la libéralisation des échanges et des capitaux provoque des conflits entre les nations et à l’intérieur de celles-ci.
Au niveau individuel la mondialisation offre toute une palette de choix à l’individu.

La mondialisation de l’économie du marché a donc des effets négatifs et positifs sur la finance, les multinationales, les PME locale et le niveau de vie de la population. Mais le caractère globalisé de l’économie est la base de sa vulnérabilité aux crises, surtout par l’effet de contagion en témoigne les récentes crises.
Face à de tels enjeux, une organisation citoyenne de la mondialisation ne serait-elle pas indispensable afin de préparer un meilleur avenir pour les générations futures ?


Economie en question: Quelle politique pour l’essort économique de l’Afrique

Le développement économique et social fait référence à l’ensemble des mutations positives que peut connaître une zone géographique. On a tendance trop souvent à confondre cette définition avec celle de la croissance économique. En effet la croissance économique est habituellement nécessaire ou consécutive au développement, mais elle n’en est qu’un aspect. Il existe même des zones en croissance par simple inertie de tendance ou sous l’effet de dopants artificiels de types dits keynésiens, sans pour autant connaître les transformations de structure et la « destruction créatrice » propres au développement, qui assurent sa pérennité. Cela peut conduire à un épuisement des ressorts de la croissance. On peut alors retrouver le phénomène de cycle de vie (de l’émergence à l’expansion puis au plafonnement et enfin au déclin) étudié en marketing.
Le développement économique nécessitant notamment de la création de richesses, on associe développement économique et « progrès », puisqu’il entraîne, généralement, une progression du niveau de vie des habitants. On parle alors d’amélioration du bien-être social (au sens économique). La volonté de concilier simple développement économique et progrès ou amélioration du bien-être a mené à forger, à côté des indicateurs de développement traditionnels (PNB, PIB), d’autres indicateurs, tels que l’indice de développement humain (IDH), qui prend en compte la santé, l’éducation, le respect des droits de l’homme (dont font partie, depuis 1966, les droits économiques et sociaux, etc. Les paramètres économiques et sociaux pour la mesure du développement sont indiqués dans l’article « Pays en développement ». La différence entre croissance économique et développement social est mal perçue dans le grand public [1]. Le bien-être social doit être distingué de la production économique [2]. Le bien-être est pluridimensionnel. D’autres composants existent à côté du bien-être matériel [3].
Dans le cadre de la présente réflexion nous allons nous intéresser au politique à suivre dans certains pays en développement pour assurer économique et social. Mais avant il nous parait judicieux d’abord de faire une ébauche des principaux cause qui entravent le développement de façon générale et plus spécifiquement dans ces pays.
L’Afrique noire ou tropicale est dans une situation économique désastreuse. Le FMI et la Banque mondiale ont placé la plupart des pays sous tutelle. Ces années de rigueur n’ont rien arrangé : la situation sociale s’est au contraire dégradée. Les intellectuels se posent alors la question : comment sortir l’Afrique de son sous-développement ?

La colonisation de l’Afrique noire a été une épreuve tant le milieu naturel est hostile même sur Les côtes : fleuves en rapides ou désert sahélien, si bien que les Européens ont souvent préféré s’installer durablement en Asie ou en Amérique. La résistance de l’Afrique à son dépeçage a été faible comme la résistance à la « livraison des esclaves ». Les investissements européens se sont limités à puiser cette main d’œuvre et à édifier quelques mines. L’Afrique tropicale ne fut redécouverte que sur le tard, après la seconde guerre mondiale, lorsque les puissances coloniales eurent besoin de redorer leur blason de conquérant. Au bout du compte, la colonisation n’a été qu’un moment dans l’histoire de l’Afrique.

Le mot crise pour désigner la situation actuelle de l’Afrique convient-il ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une transition ? Il est vrai que l’Afrique noire (expression discutable) cumule des revenus inférieurs à ceux de la Belgique. En tendance comme avec les actuelles statistiques, nous parlons d’une des régions les plus pauvres au monde. La plupart des pays sont endetté même si ces données doivent être corrigées par le fait qu’une partie de la production est invisible ; qu’une partie de la population vit de sa production sans que celle-ci soit recensée. La croissance démographique est un facteur d’explication de la situation économique difficile ; elle engendre deux effets pervers : raréfaction des actifs et explosion d’une population jeune.
Les sécheresses qui se sont succédé depuis les années 60, l’avancée du désert ont provoqué des crises agricoles graves. Les agriculteurs africains sont de plus handicapés par leur mauvaise maîtrise des techniques de conservation de l’eau et d’irrigation comme ils le sont aussi par les médiocres infrastructures routières. A cela s’ajoute le nombre des pays en guerre et donc de réfugiés. Le taux d’urbanisation a augmenté même s’il demeure très sensiblement inférieur à celui de l’Asie. L’exode rural joue un rôle important dans cette croissance. Or les villes ne proposent qu’un nombre d’emplois dérisoire en l’absence de véritable politique industrielle.
Les matières premières représentent un poids écrasant dans la production et les échanges. Mais les pays européens se sont détournés des investissements miniers plus coûteux en Afrique avec la chute du prix des transports maritimes qui permet de puiser plus loin. C’est également la tendance pour la production agricole. L’Afrique n’a pas profité de la croissance mondiale depuis les années 60 et son tissu industriel ne s’est pas du tout modernisé. Ce constat ne doit pas faire oublier les erreurs commises par les investisseurs qui ont souvent raté leur cible : usines inadaptées et aide inappropriée.

Les États africains sont comme l’économie : en crise et désemparés. Les services et les infrastructures sont dégradées ; la fonction publique mal payée et donc gangrenée par la corruption. Inégalité entre les régions, insécurité dans les villes, abandons de projets agricoles et industriels : la seule solution trouvée par les États est la privatisation à outrance mais les usines ne trouvent pas preneur. Une société de subsistance s’organise ou une contre-société de trafics qui enfante ses gagnants et ses perdants. L’État se prive ainsi de ressources fiscales et douanières.
Les causes du sous-développement africain sont complexes et multiples. Les facteurs historiques sont nombreux : la mono-industrie s’explique par le passé colonial de l’Afrique (l’organisation du territoire favorise le développement côtier) mais la colonisation n’explique pas tout ; l’Afrique semble un continent oublié par les échanges mondiaux ; l’importation de modèles de développement n’a pas été une réussite (marxisme planificateur et orienté vers l’industrie lourde). Il n’y a plus « une » Afrique mais « des » Afriques tant le niveau du développement est divers et varié. En effet, il est difficile de parler d’une seule Afrique car les taux d’accroissement naturel varient sensiblement entre l’Afrique du sud, en phase descendante, et le Niger par exemple. L’Afrique est encore un continent rural même si la croissance urbaine est devenue impressionnante. Or les Africains font preuve d’une grande ingéniosité dans la culture de leurs terres et l’adaptation aux climats. La question est aujourd’hui de trouver un véritable levier pour sortir d’un développement lent et loin d’être harmonieux.
Le temps est venu pour une nouvelle approche du développement en Afrique. A contre-courant de la tendance mondiale, les perspectives économiques des pays du continent sont très favorables pour les prochaines années. Les modèles de développement fondés sur l’aide extérieure, le secteur caritatif, la dette souveraine, ou encore l’export des produits primaires, ne sont plus adaptés à l’Afrique qui se construit. Nous devons nous montrer à la hauteur de ces évolutions et adopter une approche innovante, fondée sur un changement durable et transformateur et reposant sur des investissements à long terme qui assureront la prospérité économique et sociale du continent. En permettant la création de richesses économiques nouvelles répondant à nos priorités de développement. Ce modèle de développement doit proposer des solutions durables aux différents défis auxquels fait face l’Afrique aujourd’hui: la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire, ou encore la sécurité nationale et la stabilité sociale. En effet, plus le secteur privé jouera un rôle dans l’amélioration de ces problématiques, plus l’Afrique bénéficiera d’un environnement économique stable et productif, ainsi que d’une autonomie accrue dans la résolution de ses problèmes socio-économiques.
D’un point de vue politique, les dirigeants doivent avoir à l’esprit les réelles préoccupations de la population dans la formulation des politiques économiques. La lutte contre la corruption, la gabegie, le passe-droit, le clientélisme, le favoritisme et l’impunité doit être une réalité concrète et cela passe par le renforcement de la culture citoyenne à travers un changement de comportement à tous les niveaux. D’un point de vue régional le renforcement de la coopération, et l’indépendance des institutions régionales comme l’UEMOA peuvent être des véritables leviers pour le développement de l’Afrique ;


L’économie en question: Sortir les états de la crise et empêcher leur solvabilité

Dans le cadre de la présente réflexion nous allons essayer de donner notre avis sur les mesures prises pour lutter contre la récente crise monétaire en Europe, aux Etats-Unis et aux japons. Mais avant il nous parait judicieux de faire la genèse de l’installation de cette crise en commençant par la période phare. Ensuite nous essayerons d’analyser les différentes mesures dans leur portée et limite en se basant sur les réflexions existant à ce sujet.
En automne 2008, le monde avait fait face à une aggravation de la crise financière. En effet depuis le déclenchement de la crise des « subprimes » aux Etats-Unis en été 2007, le choc s’est propagé rapidement dans le monde et a pris de court les décideurs politiques qui ne mesure que tardivement l’ampleur et la nature actuel de la crise avec l’effondrement des différents actifs. En fait la crise des subprimes s’apparente initialement à une crise immobilière banale comme celles que nous avons connues maintes fois dans le passé. Mais avec les faillites de plusieurs grandes banques américaines et européennes cette crise frappe de plein fouet le système économique mondial. Face à l’ampleur de cette crise systémique Beaucoup des gouvernements notamment de l’Europe se sont mobilisés pour en faire face. Voyons tout d’abord le développement de la crise aux Etats-Unis.
Le cas des Etats-Unis
Le marché des subprimes
Le marché des « subprimes » est constitué de prêts risqués qui peuvent être hypothécaires (immobiliers ou rechargeables), des cartes de crédit, de la location de voitures et autres, accordés à une clientèle peu solvable ou à l’historique de crédit difficile. Ce marché s’est largement développé aux États-Unis à partir de 2001, passant d’un montant de 200 milliards de dollars pour les prêts hypothécaires en 2002 à 640 milliards de dollars en 2006. Ce montant représentait 23 % du total des prêts immobiliers souscrits10. La croissance de ce marché a tout d’abord été encouragée par des taux historiquement bas qui ont incité les institutions de crédit à accroître la part du subprime dans leur portefeuille et à profiter des importantes marges de risque imposées à ces crédits.
La crise des subprimes et l’effet de contagion
Avec la baisse du marché immobilier américain, la valeur des habitations est devenue inférieure à celle du crédit qu’elles devaient garantir. Ainsi, les établissements de crédit, censés pouvoir récupérer leurs mises en vendant les habitations hypothéquées, se retrouvèrent sans moyen rapide de redresser leur bilan, puisque vendre ces biens ne suffisait plus à couvrir leurs pertes. L’afflux de mises en vente des biens saisis a même aggravé le déséquilibre du marché immobilier où les prix se sont effondrés. En août 2007, un site spécialisé faisait état de plus d’un million de défauts de paiement constatés14, mais chaque constat de défaillance ne mène pas à la faillite de l’emprunteur. Les banques essayant généralement de trouver des solutions de rééchelonnement de prêts lorsqu’elles pensent que le débiteur ne traverse qu’une difficulté passagère. Au-delà de la chaîne des effets directs (insolvabilité des emprunteurs subprime, faillite des sociétés de crédit spécialisées, pertes de la part des grandes banques qui les détenaient ou travaillaient avec elles), l’essentiel des effets de la crise du subprime est indirect. En effet, La première courroie de la crise réside dans le phénomène de la titrisation de créances. La titrisation est l’opération financière, méconnue de l’emprunteur, par laquelle une banque revend ses créances sur des marchés spécialisés, souvent groupées avec d’autres valeurs. Ce qui lui permet à la fois de se refinancer et de réduire son risque (qui est reporté sur les investisseurs qui achètent ces créances). La titrisation est devenue un phénomène courant depuis le début des années 2000. Les créances titrisées sont rachetées par des investisseurs (fonds d’investissements classiques, fonds plus spéculatifs, etc.).Le marché du subprime a été massivement financé par la titrisation, les créances étant regroupées dans des véhicules de financement ad hoc24 et transformées en titres négociables souscrits par des investisseurs.
Cependant, à partir du début 2007, la crise des crédits subprimes a jeté le doute sur l’ensemble des véhicules de titrisation de créances, en premier lieu les créances hypothécaires portant spécifiquement sur l’immobilier d’habitation américain ((en) residential mortgage backed security, ou RMBS), mais aussi les paquets de créances diversifiées appelés CDO ((en) Collateralised debt obligation). Ce sont en fait toutes les formes de véhicules de titrisation de crédit (ABS, RMBS, CDO et leurs variantes) qui sont devenues suspectes, aux yeux des investisseurs, au début et surtout durant l’été 2007, de peur qu’ils ne portent des créances à risque en général et subprimes en particulier
Gestion de la crise
Les premières mesures sont destinées à empêcher que les ménages qui font face à des taux d’intérêt particulièrement élevés ne se retrouvent en situation de défaut de paiement et ne soient contraints de vendre leur maison. Ensuite le gouvernement a notamment proposé que la Federal Housing Administration modifie ses règles de manière à assouplir les conditions de refinancement exigées des emprunteurs, ainsi que de modifier le régime fiscal pour faire en sorte que des sommes radiées de la valeur d’une maison par des institutions financières ne soient taxées par le gouvernement fédéral. Cependant le gouvernement estime tout de même que sone rôle dans ce dossier est limité, et qu’il n’est pas de son ressort de se porter à la rescousse de spéculateurs ou d’investisseurs ayant pris de mauvaises décisions.
Par ailleurs, les agences de notation (Standard & Poor’s, Moody’s, Fitch) sont accusées d’avoir mal évalué le risque de ces produits et, partant, la notation associée à ces produits. En outre, avec la baisse importante des émissions de produits structurés qui représentaient la moitié de leurs revenus, ces agences ont dû lancer des plans de licenciement : Standard & Poor’s a annoncé le 8 décembre 2007 un plan pour réduire ses effectifs de 3 %20.
Les représentants du G7 ont appelé à plus de transparence dans le travail des agences de notation21. L’actuelle présidente du Fond Monétaire Internationale Christine Lagarde a développé cette position en indiquant préférer à de nouvelles lois22 une régulation du système bancaire par lui-même. Elle a repris cette idée en septembre 2008, déclarant que les problèmes des marchés financiers étaient principalement dus à une absence de marché et non à son supposé excès
En définitive Aux États-Unis, l’État s’est résolu à procéder à la nationalisation au cas par cas d’établissements en difficultés, après avoir présenté début septembre 2008, sans grand succès, puis fait voter en deux temps début octobre, le plan Paulson, qui prévoit que l’État rachète 700 milliards de dollars d’actifs à risque.
Le cas européen
Par le biais de la contagion notamment à travers les créances titrisées et le caractère mondialisé de l’économie l’Europe se trouve embarqué de façon indirecte dans cette crise. Pour le cas européen nous allons mettre l’accent sur les mesures imposées pour juguler la crise.
Les mesures imposées en Europe pour juguler la crise
Il faut dire d’entrée de jeu que l’Europe a choisi l’austérité pour juguler la crise. En effet des plans d’austérités sont imposés aux pays victimes de la crise économique. Ces plans imposés à la Grèce, l’Italie et l’Espagne se basaient principalement sur une imposition des coupes budgétaires dans les dépenses publiques et l’augmentation de la pression fiscale. Cela a eu pour conséquence une grave crise du système social et du niveau de l’emploi. En fait le taux de chômage a atteint une proportion vertigineuse.
A ces mesures s’ajoutent la réduction des allocations de chômage, les transformations sur le système de la retraite, la suppression des services sociaux, les réductions des couts de l’instruction et de la culture.
Ces mesures sont discutables à tout point de vue. Le constat est que l’austérité n’est pas la solution pour sortir de la crise. En effet selon Joseph Stiglitz, analysant le rôle des marchés financiers dans crise, affirme qu’eux-mêmes ne sont pas stables. Au contraire, ils ont généré des « bulles déstabilisantes » et les mesures d’austérité ne corrigent pas cet aspect du marché. On remarque que la crise selon toujours le prix Nobel est due au comportement des gouvernements face aux marchés financiers. L’implication des gouvernants est importante dans le rôle du marché.
Un autre facteur important analysé par cet économiste c’est le rapport entre l’offre et la demande. En effet selon lui les réformes ne doivent pas seulement être exécutées d’un point de vue de l’offre, parce qu’en réalité c’est la demande qui guide la production. Les mesures d’un point de vue de l’offre aggravent l’absence de la demande. Même la réduction de l’inégalité augmenterait la demande de biens et services.
Aussi en lieu et place des coupes budgétaires sur les dépenses publiques, les économistes concordent su l’importance de la hausse de la dépense publique, qui agit comme force de stabilisation, en soutenant l’achat qui ne peut être fait par les privés. Ainsi faut-il le souligner les investissements publics ont été à la base de la croissance économique américaine, après la grande dépression. Ces investissement ont aussi un effet positif sur les privés, parce qu’ils en augmentent le revenu ;
Mais qu’en est-il du Japon ?
Le Japon et la récente crise
Il faut dire que le Japon, qui avait dû régler sa propre crise immobilière et bancaire dans les années 1990, a eu le sentiment d’être épargné par la crise des subprimes. Le Japon avait ainsi, au départ, tendance à donner des conseils au sein des instances internationales sur la manière dont il avait réglé sa propre crise durant les années 1990. Il reconnaissait avoir alors manqué de réactivité, n’abaissant le principal taux directeur de la banque centrale qu’au bout de trois ans de crise et prenant des mesures pour renflouer les banques seulement à la fin des années 1990.
Le Japon est toutefois entré en récession au troisième trimestre 2008, avec une brutalité qui a surpris. Cette forte dégradation économique s’explique, notamment, par l’effondrement des exportations japonaises, en raison du ralentissement économique des principaux partenaires commerciaux, Chine et Etats-Unis en particulier.
Les mesures prise pour sortir de la crise
Au niveau de la banque
Face à cette situation, la Banque du Japon (BoJ) a assoupli sa politique monétaire et recherche de nouvelles voies pour faciliter le refinancement des institutions financières.
Son principal taux directeur a ainsi été ramené de 0,5 % à 0,3 %, puis à 0,1 %, les 31 octobre et 19 décembre 2008. Cette mesure n’a cependant eu qu’un impact limité sur l’économie réelle, en raison du caractère déjà extrêmement accommodant de la politique monétaire. En outre, à un tel niveau, le taux directeur apparaît désormais neutralisé dans ses fonctions de relance ou de stabilisation de l’économie.
Au niveau du gouvernement
De son côté, le gouvernement japonais a annoncé un plan de relance d’un montant global de 75.000 milliards de yens, soit environ 564 milliards d’euros.
Les mesures financières présentées par le gouvernement japonais sont notamment constituées par des garanties de crédit aux PME, le rachat éventuel d’actions détenues par les banques et une possible injection de fonds publics dans le capital des banques régionales.
Les mesures budgétaires comprennent des mesures de soutien à l’investissement des entreprises et des particuliers ; des crédits à destination des collectivités locales pour la revitalisation du tissu économique local et pour soutenir le secteur agricole ; des mesures de soutien à la consommation, sous la forme de chèques distribués aux ménages, ce qui a fait l’objet de controverses ; enfin, des dépenses en faveur de l’emploi ainsi que du système de protection sociale. Bien qu’elle ne soit pas épargnée par la crise, l’industrie automobile ne bénéficie pas de mesures de relance spécifiques, les mesures consacrées à l’emploi, qui ont un impact positif sur ce secteur, étant considérées comme suffisantes.

Conclusion
La mobilité internationale des capitaux est un obstacle à la mise en œuvre des politiques économiques: les banques centrales, ainsi que les autorités budgétaires et fiscales, sont sous la coupe des marchés, toujours prompts à sanctionner par la spéculation des politiques jugées non conformes à leurs intérêts. Sans doute ce qui explique l’inefficacité des mesures imposées pour sortir de la crise récente. Aussi, La dépendance des pays envers les marchés financiers résultant du modèle de développement imposé par les politiques néolibérales pousse les pays au lieu de se centrer sur leur épargne et leur marché intérieurs, à orienter leur activité productive et financière vers les échanges internationaux, surtout lorsqu’ils sont endettés à la suite de déficits antérieurs ce qui accroit la contagion et leur vulnérabilité à la crise. Ce qui fait toutes les mesures tendant à maintenir le statuquo économique, comme la diminution du taux directeur par le Japons ont été nul dans la résolution, il faut donc pour retrouver des marges de manœuvre, que les pays soient en mesure de se protéger, ce qui revient à mettre en cause la logique libérale qui donne la primauté à l’ouverture extérieure. Il s’agit donc de garantir, au niveau international, le droit des pays à réduire leur ouverture extérieure afin de mener à bien leurs propres politiques. Contrairement à ce que laisse entendre la doctrine néolibérale, l’analyse économique et l’expérience démontrent le bien-fondé des politiques de contrôle des capitaux, aux niveaux national et international.
La crise récente donne raison à Keynes, sur la relation entre l’offre et la demande. Renforce les partisans de l’interventionnisme de l’état dans l’économie. Les mesures imposées ont sans doute oublié cet état de fait.


La valse du ventre

L’idéologie de gauche ou de droite n’est que chimère ;
Le discours teinté de progrès, foutaises,
La tête ne réfléchit que si le ventre est plein ;
La tête se porte mieux si la poche est pleine ;
Voilà la vraie idéologie ;
Voilà le vrai pouvoir ;
Celui de manger et boire ;
Celui de construire un château dans une zone protégée ;
Celui de tuer sans être arrêté ;
Celui de voler le peuple et être loué
La valse de ventre ;
Mon ami sais tu ce que c’est la valse de ventre ?
C’est le cri du cœur des accrochés du pouvoir ;
Des gens sans pouvoir mais qui vivent à l’ombre du pouvoir,
La valse des ventres,
C’est l’envi du corrupteur quand il corrompt,
C’est l’appétit du corrompu qui s’attend toujours à ça …
C’est le discours mielleux des fourbes
L’envi de ceux qui profitent ;
De la paresse de la morale ;
De la faiblesse de l’idéologie ;
De la dignité …..

Maman Saley Hameau de la misère edilivre 3 novembre 2014


L’Ecole

Fleuron du savoir,
Temple de la connaissance,
Tu as fait jadis la fierté de l’Afrique,
A travers les grands noms aujourd’hui enfouis ;
Lieu de la culture civique,
Ciment de l’unité naturelle,
Mais aujourd’hui qu’es-Tu devenue ?
Avec la complicité des réformateurs,
Le PAS qui a passé,
Le silence complice des politiciens et technocrates,
Le dictat de la métropole,
Tu es devenue,
Un vaste lieu de gardiennage pour les enfants,
Assis à même le sol nous apprenons sans apprendre,
Nous passons sans avoir le culot de passer,
Il y a deux écoles
Une pour nous les pauvres,
Encadré par les enfants des pauvres,
Sortis dans le moule de la culture de masse,
Avec des diplômes parfois achetés,
Pour la plupart un brevet sans culotte,
Quelques uns une formation de l’école normale,
Quelques rare autres une formation bien pentalonnée,
Une tête bien faite,
Ceux là deviennent parfois sans piston des encadreurs,
Parfois sans niveau,
Ils nous tirent à leur niveau,
Avec des salaires le 40 ou 50 du mois,
C’est des enseignants de seconde zone,
Leur compétence est niée,
Leurs pécules un gagne paix pour les commis,
Beaucoup n’existent que sur papier,
C’est la casserole des inspecteurs,
A coté l’école privée,
Pour les enfants des riches et politiciens,
Là l’éducation y est rigoureuse,
Des maitres triés sur le volet
Pour des résultats à la volée
Avec des salaires réguliers,
C’est la reproduction sociale à l’identique,
Pour la maintient de l’ordre social à l’identique,
Une hégémonie sociale et politique à l’identique,
Pour l’évolution d’un Niger à l’identique,
Des indicateurs d’un Niger toujours à la traine,
D’une école publique à l’abandon,
Pour les enfants du peuple dans le désarroi,
Un lendemain dans le noir de l’intelligence,
Pour cette grande masse qui aspire à voir le soleil,
La lumière de la connaissance,
Pour un progrès plus équitable,
Que deviendra le combat du millénaire dans un monde,
Ou les vulnérables croupissent dans le méandre de la nuit,
Quelle lampe peut-elle éclairer ce noir épais,
De l’injustice, de l’ignorance grandissant ;
Le combat de la lumière doit être notre priorité,
L’école est notre étendard,
Le porte flambeau de l’avenir,
L’avenir d’une enfance de lumière,
Hameau de la misère Edition Edilivre 3 novembre 2014 Paris France


Droit

Droit !
Comme tu es beau à dire !
Que tu es grand et noble à lire !
Ce mot court et simple à écrire.
Fait pensé à des bonnes et douces choses ;
Droit !
La cause de tout mouvement,
De tout bouleversement,
Mais aussi de tout développement,
De la bourgeoisie à la classe prolétaire,
Du patronat aux ouvriers,
De l’employeur à l’employé
On en réclame et revendique ;
Hommes,
Femmes et enfants du monde,
Le proclame en criant ;
Nos droits !
Nos droits !
Nos droits !
A quand alors la plénitude du droit dans ce monde ?
Ce droit tant souhaité et attendu,
Qui pourrait nous le donner ici-bas ?
Nous l’offrir sans sacrifice,
Ce droit ne peut être obtenu aux pris de sacrifice,
Aux pris de nos efforts conjugués
Mais la clé du droit c’est l’éducation ;
Alors lisez et chercher le savoir ;
Vous trouverez alors le droit,
Mais comment s’instruire dans sa hutte abandonnée,
Dans des classes sans maitres,
Dans un système d’éducation dicté par les maitres d’hier,
Avec une classe politique au service des tyrans d’hier,
Avec un peuple sans conscience de son inconscience.
Sans science de sa science,
Hameau de la misère Edlivre 3 novembre 2014 France


Pour une lecture politico-historique du phénomène Boko-Haram.

«Je suis d’avis avec ceux qui disent que BOKO HARAM n’est pas musulman mais antimusulman. Je ne peux pas comprendre que des musulmans nigérians s’attaquent uniquement à leurs frères coreligionnaires alors que de tout temps les problèmes ont existé entre chrétiens et musulmans au Nigéria et non entre musulmans. Je m’aligne avec ceux qui pensent que BOKO HARAM est une émanation directe de Good Luck au seul dessein de se faire élire par son électorat du sud et empêcher l’électorat du Nord de voter ses candidats : Voilà toute la problématique de la secte BOKO HARAM…».
Ces propos, tenus par un compatriote sur un forum nigérien, résument éloquemment l’essentiel des représentations que l’on se fait du mouvement Jamāʿat ʾahlal-sunnahli-l-Daʿwahwa-al-Jihād, plus connu sous le nom de Boko Haram. Mais qu’en est-il réellement ? Le dialogue inter religieux a-t-il toujours été tendu au Nigeria ? Quelle est véritablement la part du complot et des manœuvres électoralistes dans l’inexorable expansion de Boko Haram ? Ces questions invitent à placer le phénomène Boko Haram dans une perspective historique, s’appuyant sur certains aspects de la vie sociopolitique du Nigeria, méconnus des jeunes générations, qui favoriseraient une meilleure appréhension de l’insécurité qui sévit dans le Nord du Nigéria et qui constitue une menace pour notre pays.
1- Contrairement à certaines idées reçues, les éléments de Boko Haram ne s’attaquent pas uniquement à leurs coreligionnaires. Ils ont d’abord commencé par faire exploser des églises, dans presque l’indifférence des leaders d’opinion du Nord. Ce silence « complice » dont ils ont bénéficié au début, leur a permis de bien s’installer ou séré-(installer).Se réinstaller, parce que certains analystes soutiennent que Boko Haram n’est qu’une régénérescence des cendres de la secte de Muhamed Marwa alias Maitatsiné qui a sévit au Nord du Nigéria dans les années 1980.
2- En effet, entre 1980 et 1985, la secte Maitatsiné et sa répression ont fait des milliers de morts, essentiellement des musulmans. La secte ne s’attaquait qu’aux autres leaders musulmans et leurs adeptes ainsi qu’aux forces de l’ordre. Les émeutes de Kano de décembre 1980 par exemple ont fait près de 4177 morts, dont Maitatsiné, le chef de la secte. Et la répression du soulèvement de ses adeptes a fait, en octobre 1982, près de 3350 morts également, près de Maïduguri. D’autres poches de résistance apparurent à Yola en mars 1984 et à Gombé en avril 1985, causant la mort de plusieurs centaines de personnes. En reprenant les rênes du pouvoir des mains d’Elhadji Shehu Shagari, par le biais du Lieutenant-colonel Mohammed Buhari, l’armée mit un terme aux dérives sanglantes de la secte Maitatsine.
3- Donc contrairement à ce qui est assez souvent avancé, les conflits religieux au Nigeria concernaient exclusivement la communauté musulmane. Ils étaient intracommunautaires. Et ils ont toujours été sévèrement réprimés, par une élite politico-militaire, soucieuse de garder l’homogénéité du Nord.
4- Les conflits inter-religieux de grande ampleur, opposant les musulmans aux chrétiens, n’ont commencé qu’à partir du début des années 1990, sur fond de conflits fonciers et commerciaux. Et cela s’est amplifié, tout naturellement, après l’adoption de la Shari’a dans les Etats du Nord.
5- Sinon, les musulmans et les chrétiens du Nord ont globalement vécu jusque-là en parfaite harmonie. Une harmonie « encouragée » et maintenue par les héritiers du Sardauna Ahmadou Bello, fidèles artisans de la mise en œuvre de son idéologie du Grand Nord.
6-L’idéologie du Grand Nord, devrait initialement permettre au Nord de rattraper son retard économique et intellectuel sur le sud de la fédération, y compris en le dominant politiquement. Mais l’unité du Nord, devait être la pierre de lance du projet. Lorsque Sardauna négociait aussi bien avec les autres parties de la confédération que les colons Anglais, il prenait soin de constituer une équipe représentative des sensibilités du Nord. Composée à la fois des musulmans que des chrétiens, des Hausa, des Peuls mais aussi des représentants des autres minorités ethniques.
7- Dans le processus, l’université de Zaria, qui porta son nom, devait être le répondant des prestigieuses universités du Sud et accélérer la production des élites nordistes. Sur le plan politique, l’idée du Grand Nord s’est donc traduite d’abord par la création de l’identité Hausa-Fulani.
8- L’assassinat du Sardauna Ahmadu Bello donna à ses idées la force d’un testament, dont les objectifs devaient être scrupuleusement poursuivis. Les élites politiques du Nord et en particulier leurs officiers veillaient au succès « du projet ». Et le Nord se prononçait effectivement presque d’une seule voix, en suivant la voie qui aurait été tracée par Ahmadu Bello. La seule voix plus ou moins discordante qu’on entendait était celle d’Aminu Kano.
9- L’élite chrétienne que Sardauna a sciemment contribué à constituer avait, elle aussi, pleinement adhéré au décor et était stratégiquement mise en avant, chaque fois qu’un problème opposant le Nord au Sud est susceptible d’avoir une interprétation religieuse. Par exemple, l’arrestation et la « neutralisation » du Général Johnson Aguiyi- Ironsi, qui était accusé de protéger les auteurs des opérations militaires du 15 janvier 1966 au cours desquelles Sardauna et Tafawa Baléwa avaient été assassinés, ont été menées, comme par hasard, par l’officier Théophilus Yakubu Danjuma. Et dans la foulée, pour remplacer le Général Johnson Aguiyi-Ironsi, le choix s’était porté sur un autre officier chrétien. Murtala Ramat Muhamed, le vrai concepteur du contrecoup d’Etat devait rester dans l’ombre.
10- L’oligarchie du Nord savait, en fait, qu’une guerre civile, contre le Sud, « étiqueté chrétien », était inévitable. Alors quoi de plus judicieux que de choisir Yakubu Gowon, un chrétien, pour diriger la fédération. Donc au moment où les caméras du monde braquaient leurs projecteurs sur le Nord « musulman » qui faisait la guerre au Sud « chrétien », les commentateurs étaient obligés de faire constater que celui qui présidait la fédération était certes Nordiste, mais aussi Chrétien. Et aussitôt la guerre terminée et les affaires pendantes liées à la guerre réglées, Yakubu Gowon fut déposé le 29 juillet 1975, alors qu’il se trouvait en Ouganda, au sommet de l’OUA. La responsabilité de ce coup de palais, qui se déroula sans effusion de sang, avait été officiellement attribuée à Joseph Nanven Garba, un autre officier chrétien. Mais Gowon fut remplacé par Murtala Ramat Muhamed, le vrai acteur du coup. Et on confia à Joseph Garba, sa figurine, le portefeuille des affaires étrangères. On peut également constater cette mise en avant tactique des officiers chrétiens nordistes dans les évènements qui ont suivi l’assassinat de Murtala. L’opération ayant été revendiquée par Buka Suka Dimka, un officier sudiste, Théophilus Danjuma, qui assumait à l’époque la vice-présidence, conjointement avec Olusegun Obasanjo, était mis au-devant de la scène. Cependant, sur le terrain et en réalité, le vrai acteur du contrecoup du 13 février 1976, était un bouillonnant officier dénommé… Ibrahim Badamassi Babangida, qui, avec ses éléments, avait encerclé la station de radio dans laquelle se trouvaient les présumés putschistes, en menaçant de faire tout sauter s’ils ne se rendaient pas.
11- La force de cette oligarchie politico-militaire populiste et populaire du Nord, était sa façon d’agir et d’interagir sur plusieurs registres, en s’appuyant sur sa diversité, tout en veillant scrupuleusement au maintien de son unité. Leurs plans étaient imparables, au point de susciter la notion de « Kaduna mafia ». Kaduna étant la capitale du Nord, où siégeait donc l’idéologue Sardauna et où le clan se serait constitué et se retrouvait.
12- L’alchimie de cette élite politico-militaire avec les populations dérangeait, tout naturellement, les élites du Sud, impuissantes et condamnées à subir. Et son présumé plan de perpétuer la domination politique du Nord sur le reste de la fédération suivait son bonhomme de chemin, sans difficulté. Une anecdote attribuait d’ailleurs à Ibrahim Badamassi Babangida cette phrase : « Nous ne savons pas ceux qui vont nous succéder. Mais nous connaissons ceux qui ne nous succéderont pas ! » .
13- Mais le tournant commença à partir de 1993, avec la victoire électorale inattendue de Moshood Abiola sur le nordiste Bashir Tofa, aux élections du 12 juin 1993. Moshood Abiola était un richissime musulman, mais…sudiste. La populiste oligarchie s’était alors subitement retrouvée face à un dilemme sans précédent. Concéder l’alternance du pouvoir au Sud ou récuser les aspirations des populations du Nord, qui l’ont aussi élu ? Une partie aurait été pour la validation des résultats et l’autre radicalement opposée.
14- La division était tenace dans le clan des officiers nordistes. Et le Sud, en particulier les intellectuels yoruba, ne cessait de brandir les menaces de désobéissance. Dans la foulée, ils trouvèrent une solution bancale. Donner le pouvoir à un Yoruba, mais celui qu’ils auraient eux-mêmes choisi. Abiola, le choix des populations, était un peu trop imprévisible, pas assez facilement manipulable, etc. à leur goût. Enerst Shonekan devait faire l’affaire. Cela a partiellement calmé l’ardeur de certains intellectuels Yoruba. Mais les plus véhéments, comme le prix nobel Wolé Soyinka ou le tumultueux Bola Ahmed Tinibu ont préféré l’exil et bien d’autres ne cessaient de réclamer la libération de Abiola de prison et son investiture au pouvoir.
15- La frange radicale, incarnée par le Général Sani Abacha, déposa littéralement Shonekan, au bout de 3 mois, pour reprendre les choses en main et faire taire, comme à leurs habitudes, et par tous les moyens, les opposants sudistes. Mais le sud était de plus en plus intenable. Et le Général Sani Abacha plus que jamais intransigeant.
16- Finalement, après un « nettoyage » dans les rangs des officiers yoruba et sudistes, suite aux allégations d’une tentative de coup d’Etat menée par le numéro deux du régime, le Lieutenant-général Oladipo Diya, celui qui était donc censé assumer l’intérim de la présidence, Sani Abacha mourut subitement, le 8 juin 1998. Et le 7 juillet 1998, donc près d’un mois après, Mashood Abiola décéda tout aussi brusquement, devant une délégation internationale, composée de Susan Rice, venue s’enquérir de ses conditions de détention. I-né-dit. Fait de hasard pour certains, un coup des « maitres » pour d’autres. Toujours est-il que les pendules semblaient avoir été remises à l’heure.
17- Le général ABOUBACAR AbdouSalami, frère adoptif de Ibrahim Badamassi Babangida, plus conciliant que Sani Abacha, écarta les risques d’une implosion de la fédération et d’une guerre civile. Et l’élection du Général Olusegun Obasanjo mit graduellement un terme à la grogne des intellectuels activistes yoruba et leurs populations.
18- Il est important de rappeler que le constat d’un éventuel transfert du pouvoir politique au Sud, a fait accélérer le projet du rapprochement de la capitale de la fédération du Nord. Elle a donc été transférée de Lagos à Abuja. L’essentiel de l’artillerie du Nigeria ayant toujours été maintenu au Nord, sous le contrôle d’éléments « fiables ». L’occupant de Asu Rock, pourrait donc, au besoin, être déposé, selon les humeurs et les intérêts de certains milieux oligarchiques nordistes, foncièrement attachés à la domination politique du Nord.
19- Seulement, Obasanjo que d’aucuns présentaient au début comme le candidat de l’establishment du Nord, celui qui protègerait leurs arrières, sécuriserait leurs intérêts et qui serait donc une solution à leur perte d’hégémonie politique, s’est révélé un véritable problème. Leur… problème.
20- Aucun officier sudiste ne connaissait aussi bien l’oligarchie politico- militaire nordiste qu’Olusegun Obasanjo, ancien numéro 2 de Murtala Muhamed. Il connaissait tellement bien leur force de frappe, qu’il s’était empressé de leur « rendre le pouvoir », après l’intérim qu’il assuma à la mort de Murtala.
21- Mais Obasanjo connaissait aussi leur faiblesse. Il savait que le Grand Nord était né et se nourrissait de son unité. Les Hausa seraient par exemple, selon les statistiques, majoritaires au Nord. Mais contrairement à une idée fortement répandue, aucun Hausa n’a jusque-là dirigé le Nigeria. Shagari étant Peul, tout comme Buhari et le défunt Yar addua, le chrétien Yakubu Gowon issu d’une minorité ethnique du middle belt. Murtala Muhammed était aussi issu d’une minorité ethnique de Jos (son père aurait été chrétien, avant de se convertir à l’âge adulte à l’islam), Ibrahim Badamassi Babangida et Abdousalami Abubacar, frères adoptifs (IBB ayant été élevé par son oncle, le père d’Abdousalami, après le décès de son père biologique), sont issus de l’ethnie gwari et les scarifications de Sani Abacha indiquaient qu’il était kanuri. Mais tout cela ne se voyait pas de l’extérieur, à cause de l’unité que Sardauna avait créée et léguée.
22- Toutes ces personnalités, à l’exception de Yakubu Gowon, étaient ou sont de confession musulmane. Et elles ont presque toutes, directement ou indirectement, eu à gérer les revendications de la shari’a et les velléités de l’extrémisme religieux au Nord. Mais elles n’ont jamais voulu céder et y ont répondu par des répressions, parfois extrêmement sanglantes, comme il a été souligné. Et tout cela pour préserver l’unité du Nord.
23- Cette fermeté des officiers nordistes face aux revendications religieuses tranche, étrangement, avec la facilité avec laquelle Obasanjo, « étiqueté chrétien » a voulu satisfaire les mêmes requêtes. Et le tour fut joué. Le contexte était devenu favorable au foisonnement des groupes extrémistes qui ne cessent de mettre à mal l’unité et la quiétude tant enviées des nordistes.
24- Il ne serait pas étonnant de découvrir que, de la même façon que les officiers Nordistes avaient saucissonné, à la fin de la guerre civile, les Etats Ibo pour les priver des ports, des mesures aient été prises pour rendre l’armée fédérale inopérante face à la nébuleuse Boko Haram, dans le simple but de mettre un terme à l’hégémonie politique du Nord. La nomination d’un Ibo à la tête du Ministère de la Défense en 2006, pour la première fois de l’histoire du Nigeria post guerre civile, pourrait donner à cet égard du grain à moudre aux tenants de la théorie du complot. Et ceci d’autant que le Ibo en question n’était autre que…
Thomas Aguiyi-Ironsi, le fils du défunt Général Johnson Aguiyi-Ironsi. Le fond du problème, même si la thèse du complot s’avérait, est donc visiblement loin d’être religieux. Il serait plutôt politique. Une réponse aux politiques de domination et d’exclusion qui ont été menées consciemment ou inconsciemment par les élites nordistes durant des décennies.
25- Mais au-delà d’une probable stratégie de revanche politique du Sud sur le Nord, l’incapacité de l’armée nigériane à mettre fin à l’expansion de Boko Haram est aussi, concrètement, la conséquence des tentatives récurrentes des coups d’Etat qui ont caractérisé le pays et des gigantesques réseaux de corruption qui les provoquaient ou les alimentaient. L’armée, en tant qu’institution, en a été affectée, dans sa cohésion, son éthique et son efficacité.
Les tentatives de coups d’Etat étant monnaie courante, la préoccupation des officiers qui se sont succédé au pouvoir était moins de renforcer les capacités opérationnelles de l’armée que de surveiller et d’affaiblir les factions ou unités susceptibles de les renverser.
26- Dans son discours d’investiture du 29 mai 1999, prononcé devant un parterre de personnalités, parmi lesquelles Nelson Mandela, Rev. Jessy Jackson, le prince Charles, etc., Obasanjo esquissa une poignante description de la réalité de l’armée nigériane. En voici la traduction : « l’incursion des militaires en politique durant ces 30 dernières années, a été un désastre pour notre pays et pour l’armée. L’esprit de corps a été détruit, le professionnalisme n’existe plus. Les jeunes s’engagent dans l’armée non pas à cause de la noblesse de la carrière militaire, mais pour uniquement participer aux coups d’Etat, devenir des gouverneurs […] En tant qu’officier à la retraite, mon cœur saigne face à cette dégradation des compétences de l’armée. Un profond travail de ré- orientation et de redéfinition de ses rôles s’impose. Des efforts de ré- encadrement et de rééducation de ses éléments doivent être entrepris, pour les amener à accepter l’autorité du régime démocratique et permettre à l’armée de retrouver sa fierté, son professionnalisme et ses valeurs initiales… ».
27- Dans le mois qui a suivi sa prise de fonction, Obasanjo prit un décret, pour mettre à la retraite tous les officiers qui ont servi dans un gouvernement, pendant une période d’au moins 6 mois. Cette mesure, élargie aux anciens gouverneurs et PDG des entreprises publiques, a contraint plusieurs dizaines d’officiers à la retraite. En clair, presque tous les officiers qui ont été impliqués dans les coups d’Etat ou tentatives de coups ont été remerciés. L’armée nigériane s’était donc à l’occasion débarrassée de presque tout ce qu’elle avait d’officiers millionnaires, politisés, ethnicisés et corrompus etc., mais aussi de ses vétérans de la guerre du Biafra ou ceux qui étaient à l’époque leurs aides de camp et proches collaborateurs. Conséquemment, la mesure a permis à la quatrième République d’avoir une durée de vie plus longue que les précédentes et de mettre à son actif des acquis importants, dont la relance de l’économie nigériane, comme le soulignent certains analystes de l’ère Obasanjo. Mais elle a aussi privé le Nigeria de nombreux talentueux et valeureux officiers nordistes, dont l’expérience et la pugnacité auraient été des atouts considérables dans la traque et neutralisation de Boko Haram. Et ceci d’autant que le tempérament du tandem Yar’adua – Goodluck était un peu aux antipodes de la fermeté requise pour contenir le mouvement Boko Haram, qui a surgit en 2009, deux ans après le départ de Obasanjo au pouvoir.
28- La candidature de Umaru Musa Yar’adua avait, faudrait-il le rappeler, été activement appuyée par Obasanjo, pour contrecarrer l’ascension de Atiku Abubakar, son tumultueux vice-président, avec qui il avait eu des rapports tendus vers la fin de son second mandat, en grande partie à cause de sa volonté de faire modifier la constitution pour faire un troisième mandat. La préférence de Obasanjo pour Umaru Yar’adua pourrait aussi s’expliquer par sa volonté d’honorer la mémoire de son grand frère, le Général Shehu Umaru Yar’adua, qui fut son Vice-président (1976-1979) et surtout son compagnon dans les geôles de Sani Abacha, où il trouva la mort des suites d’une crise cardiaque…selon la version officielle. Mais le choix de Obasanjo était aussi motivé par le souci de laisser le Nigéria entre de bonnes mains, à mêmes de conserver les acquis de ses réformes et de les poursuivre. Des mains, qu’il pourrait cependant manipuler au besoin. Une certaine façon de faire un troisième mandat, par procuration. Umaru Yar’adua avait une solide réputation d’intégrité, qui faisait l’unanimité. Cette grande, et plutôt rare, qualité qu’il possédait, n’avait cependant pas véritablement réussi à compenser son manque de notoriété d’homme à poigne. Ses problèmes de santé et les absences prolongées qu’ils lui imposaient, ont davantage accentué son tempérament calme et effacé. Cette situation a créé une espèce de vide, face au manque évident de charisme et d’autorité de son vice- président, Goodluck Jonathan, un autre poulain d’Obasanjo. Boko Haram a donc profité de ces moments de fragilité du pouvoir fédéral pour surgir. Des moments de flottement, qui ont favorisé par ailleurs le retour massif des pratiques corruptives, y compris au sein de l’armée. La confirmation de Jonathan Goodluck à la tête de la fédération après des élections violemment contestées au Nord en 2011, a davantage aggravé la situation. Une armée mal gérée et visiblement sous-équipée, un pouvoir souffrant d’un déficit de légitimité et qui peine à s’imposer, etc.. Ce fut un scénario idéal pour Boko Haram qui, comme d’autres groupes terroristes qui évoluent dans la zone sahélo- saharienne, au Moyen Orient et dans bien d’autres régions du monde, n’aspire qu’à répandre ses macabres activités.
29- Boko Haram, c’est aussi en effet un mouvement qui évolue dans un contexte international caractérisé par la montée des groupes terroristes. Il est donc dans l’air du temps. Le temps du terrorisme. Il a son propre sanglant agenda. Et ses incursions sur le territoire camerounais démontrent bien son intention d’inscrire ses activités dans un cadre transnational. Une sombre ambition que l’élection du Général Muhamed Buhari, homme de poigne, qui qualifie le mouvement de bande de délinquants, risquerait fort de compromettre. Et ceci d’autant qu’il a déjà fait ses preuves dans la gestion des insurrections, en « asphyxiant » les dernières poches de résistance des adeptes de Maitatsine. Général Buhari plaide par ailleurs, en faveur d’un retour au climat d’entente interconfessionnelle, pour mettre fin aux divisions que Boko Haram avait alimentées et savamment exploitées, dans le but d’implanter son dispositif de terreur. Son penchant prononcé pour l’ordre, la discipline et la transparence dans la gestion des affaires publiques, qui se sont traduits lors de son passage au pouvoir par la mise en œuvre rigoureuse de son concept de WAI (War Against Indisciple), la guerre contre l’indiscipline, portent à croire qu’il serait plus à même de combattre Boko Haram, en démantelant les réseaux de corruption. Ces réseaux de corruption qui, en favorisant l’enrichissement d’une extrême minorité au détriment de la majorité, contribuent à la création des masses grossissantes de déshérités et de désœuvrés, dans lesquelles Boko Haram pioche l’essentiel de son macabre personnel et ses bras armés. Autant donc d’éléments qui montrent clairement combien Boko Haram avait tout intérêt à créer un climat insurrectionnel au Nord, défavorable à l’avènement de Buhari au pouvoir. C’est aussi ce qui expliquerait en grande partie l’attentat qui a visé son cortège dans l’Etat de Kaduna le 23 juillet 2014, faisant une trentaine de morts et beaucoup de blessés, dont deux de ses gardes corps.
30- La gestion de l’insécurité créée par Boko Haram au Nord, est sans conteste un des enjeux majeurs de l’élection présidentielle de février prochain. L’échec patent de Goodluck sur ce dossier a fini par rallier au camp de Buhari, beaucoup de personnalités influentes du Nord, militant au People’s Democratic Party, qui étaient jusque-là réticentes vis-à-vis de Buhari ou qui lui reprochaient son application stricte et non sélective du WAI. Une des actions spectaculaires du régime Buhari dans le cadre du WAI, peut-on le rappeler, avait été sa tentative de ramener au Nigeria, dans une valise diplomatique, l’ancien Ministre des Transports de la seconde République, Umaru Dikko, accusé de corruption. Cette opération, qui avait été minutieusement planifiée avec le concours des agents secrets israéliens du Mossad, n’a finalement pas abouti, Umaru Dikko ayant été découvert, fortement sédaté, dans « le coffre diplomatique », à l’aéroport de Londres. Mais elle démontre jusqu’où Buhari était allé dans sa volonté de traquer la corruption et les présumés corrompus. Elle explique pourquoi certaines fractions de l’oligarchie politico-militaire étaient frileuses à l’idée de son retour aux affaires. Cette frilosité d’une bonne partie de l’oligarchie était en grande partie la cause de l’échec de ses trois candidatures précédentes aux présidentielles (en 2003, 2007, 2011).
31- La débâcle de l’armée fédérale devant les groupuscules de Boko Haram est devenue un spectacle affligeant, humiliant et insupportable pour les vétérans de la guerre du Biafra, parmi lesquels le Général à la retraite Olusegun Obasanjo. C’est dans ce sens qu’il faudrait aussi comprendre la posture de « cannibalisme électoral » adoptée ce derniers temps par Olusegun Obasanjo, à travers ses virulentes critiques contre Goodluck, le candidat du PDP, un parti dont il est l’un des principaux fondateurs. Les allégations d’incompétence de Goodluck sur le dossier Boko Haram et de la corruption de son équipe, qu’Obasanjo ne cesse de brandir publiquement depuis la sortie de ses mémoires, constituent un considérable avantage compétitif pour Buhari, le candidat du All Progressives Congress (APC), que l’on a tendance à classer parmi les cautions morales de l’oligarchie politico-militaire du Nord. La virulence des critiques d’Obasanjo et leur fort probable effet désastreux sur le score du PDP dans le Sud-ouest, au moins, ont motivé le déplacement des gouverneurs de ce parti auprès de celui-ci, dans le but de l’amener à adoucir au moins ses critiques, à défaut d’afficher son soutien pour Goodluck. L’enjeu est de taille.
32- Les électeurs du PDP dans le Sud-ouest, sont plutôt attachés à la personne d’Olusegun Obasanjo, qu’ils ont commencé à soutenir, dans le courant de son premier mandat. Il est à cet égard utile de rappeler que, lors des élections présidentielles de 1999, le ticket Olusegun-Abubakar Obasanjo, soupçonné d’être « parrainé » par l’oligarchie politico-militaire du Nord, a été « boudé » dans le Yoroubaland. Il n’a récolté, par exemple, que près de 15% des suffrages exprimés valables à Ondo, 30% à Ogun, 24% à Osun, 25% à Oyo, 27% à Ekiti et seulement 12% à Lagos. Le Sud-ouest lui a ainsi préféré son adversaire, Olu Falaë, un autre Yorouba, présenté par la coalition Alliance for Democracy (AD)- All People’s Party (APP). Mais à l’issue des présidentielles de 2003, tous ces Etats, ont basculé au PDP, en lui accordant près de 95% des suffrages à Ondo, 95% à Osun, 94% à Oyo, 69% à Lagos, 92% à Ekiti et jusqu’à plus de 99% à Ogun state, son Etat natal. Des chiffres qui montrent clairement l’influence du « facteur Obasanjo » sur l’électorat PDP ainsi que les désastreuses conséquences que sa mésentente avec Goodluck pourraient avoir sur les scores de celui-ci dans ces régions. Le choix du colistier de Buhari, qui a aussi été influencé par la situation qui prévaut au Nord, est un autre élément qui pourrait également élargir le cercle de soutiens de l’APC dans le Sud du pays.
33- L’éclatement des affrontements inter-religieux en marge de la contestation des résultats des présidentielles du 16 avril 2011, essentiellement dans les fiefs de Buhari, a suscité l’émergence dans certains milieux, au début de l’année 2012, des allégations de connivence entre des branches de l’oligarchie politico- militaire du Nord et Boko Haram. Des connivences qui auraient pour but de rendre, sinon le Nigeria, le Nord ingouvernable, afin de précipiter le retour du pouvoir au Nord. Buhari est ainsi, dans le processus, présenté comme un dangereux fondamentaliste. Le choix de son colistier a de ce fait pris une dimension beaucoup plus importante qu’il n’en avait eue lors de ses précédentes candidatures. L’idée de l’éventualité du choix d’un colistier sudiste musulman donc un «muslim-muslim ticket » avait été longuement évoquée. Les noms de Bola Ahmed Tinibu ou de Babatun de Fashola, militants influents de son fief de Lagos étaient mêmes avancés. Finalement, il a opté, comme les fois précédentes pour un «muslim-christian ticket », avec le choix du juriste Professeur Yemi Osinbajo, dont l’épouse est issue de la famille… du défunt Chief Obafémi Awolowo, celui qui avait été pour le Sud-ouest et dans le cœur des Yorouba, ce que Sardauna Ahmadu Bello représente pour les Nordistes. Ce qui pourrait représenter un avantage supplémentaire pour l’APC, qui contrôle déjà la forte agglomération de Lagos, compte tenu de la dimension clanique du jeu électoral nigérian. Mais le Professeur Osinbajo est surtout un intellectuel engagé, fondateur d’un think thank sur la justice, ainsi que d’autres structures militant pour l’accès des pauvres à la justice et à l’alphabétisation, avec une attention soutenue accordée à… la scolarisation des enfants. Un message clair donc envoyé à Boko Haram. Mais aussi un choix stratégique qui a désarçonné tous ceux qui l’attendaient autour du muslim-muslim ticket pour renforcer les soupçons et allégations d’extrémisme à son encontre. Le choix du Professeur Osinbajo est surtout un signe de sa volonté de mettre un terme aux conflits interconfessionnels. Et cela semble avoir convaincu certains milieux chrétiens. Des églises du Sud par exemple, et non des moindres, lui apportent son soutien et appellent celles du Nord à faire de même. Parmi ces églises figurent bien sûr la célèbre Redeemed Christian Church of God, dans laquelle le Professeur Osinbajo officie aussi comme Pasteur et dans l’une des branches de laquelle Goodluck célébra en grande pompe le mariage de sa fille il y a quelques mois. Il y a également la très populiste paroisse réformée de Enugu, dont le prêtre a donné clairement les consignes d’un vote en faveur de Buhari qui, selon lui, incarne le changement dont le Nigéria a besoin et représente une alternative crédible contre la corruption, l’insécurité, le chômage et la baisse du pouvoir d’achat des Nigérians. L’église catholique est une voix fortement audible dans le Sud-est, qui est déjà globalement insatisfait du bilan de Goodluck. Autant donc d’éléments qui peuvent laisser croire que la percée significative dans le Sud qui avait manqué à Buhari lors de ses précédentes candidatures n’est plus improbable.
34- Dans les coulisses de la campagne, l’équipe de David Axelrod, l’architecte de la spectaculaire campagne de 2008 d’un certain…Barack Obama, est mise à contribution pour maximiser les probabilités d’une indispensable percée sudiste sans précédent du Général Muhamed Buhari. Mais ce qui plaide le plus en sa faveur, c’est surtout le désir de changement qu’éprouvent des millions des Nigérians, pour sortir de l’impasse sécuritaire et économique dans laquelle ils se trouvent et sur laquelle Goodluck ne semble pas avoir de l’emprise. Les thèmes de campagne mis en avant, favorisent clairement le candidat d’APC, qui a le vent en poupe. Mais le candidat du PDP dispose d’un atout qui, dans le contexte africain, n’est pas négligeable : celui d’être le président sortant.
Enfin, le Nigeria est tout un continent en lui tout seul. Ces points évoqués ne peuvent par conséquent pas épuiser toute la complexité de la problématique Boko Haram et ses implications dans la compétition électorale en cours. Ils auront néanmoins apporté quelques éléments d’appréciation supplémentaires à certains et donner à d’autres la possibilité de nuancer et même de récuser l’interprétation des éléments ici présentés. L’essentiel étant d’élever le niveau du débat et de l’enrichir, afin de donner aux uns et aux autres la possibilité de se faire leurs opinions, en se basant sur des faits et non sur des idées reçues et fausses évidences. L’intérêt de cette approche historique et structurelle, en plus de sa dimension complémentaire avec une analyse strictement conjoncturelle et évènementielle, c’est aussi, et peut être surtout, la possibilité d’une identification des causes à la fois immédiates et lointaines du phénomène Boko Haram qu’elle offre à l’opportunité qu’elle donne à chacun et à chacune de réfléchir sur les voies et moyens d’épargner, à court, moyen et long termes, une telle épreuve à l’Etat fédéral du Nigéria. Elle nous invite à examiner la solidité des piliers sur lesquels reposent le Nigéria afin de prendre des fermes résolutions allant dans le sens de les renforcer. Elle nous pousse à interroger notre rapport à la différence et nous incite à mettre nos savoirs et savoir-faire au service de la promotion de la tolérance, de la justice et de l’équité, ingrédients indispensables à la diffusion d’une solide culture de la Paix, capable de résister aux assauts et velléités des forces centrifuges, mêmes les plus pernicieuses. Elle nous exhorte à évaluer et à édifier notre capacité à placer les valeurs humanistes au-dessus de toute autre considération temporelle et l’épanouissement de l’être humain au cœur de nos préoccupations majeures et ambitions.
Avec une pensée profonde pour les filles de Chibok, leurs familles et ceux qui œuvrent inlassablement pour leur libération, de façon désintéressée.
Une analyse pertinente d’un internaute.


La Liberté

Être libre n’est pas faire ce qu’on veut, mais ce qu’on a jugé meilleur et plus convenable. Qu’est-ce qui plus convenable dans ce monde que de respecter l’autre dans tout ce qu’il a de différent de toi. Qu’est-ce qui est plus convenable que de ne pas dénigrer les croyances des autres même si on se dit athée. Qu’est-ce qui est plus convenable que de respecter les valeurs de l’autre même si on est anarchique. Rien, absolument rien ne permet de faire des railleries sur les croyances des autres. Alors, je pense que nous devons avoir une claire notion de la liberté. La liberté ne donne pas carte blanche pour faire toutes les abominations… Alors Charlie ou pas je pense que nous devons tous nous interroger et peut-être même nous accorder sur la vraie notion de la liberté.


Charlie Extrémiste

On pensait révolu la distinction barbarie et civilisation. Et bien non ! Elle est toujours puissante dans les calculs, les faits et gestes des gens. Dans l’imago occidental tous les musulmans sont des terroristes. L’histoire récente de l’attaque du journal Satirique Charlie hebdo nous le montre amplement. Charlie est assimilé à la liberté d’expression. Mais la liberté d’expression sans respect des cultes et des valeurs des personnes est à mon sens chimérique et même anarchique. Il n’y a pas de liberté sans contrôle sans limite. Cette forme de liberté qui est prônée par l’occident est une liberté liberticide. Elle est à la base de beaucoup de dérapage. Mais pourquoi diable s’en prendre au symbole d’une religion qui prône la paix. Quand ces adeptes réagissent on les qualifie de tous les maux. Bien sûr dans toutes les régions il y a des extrémistes. On peut également qualifié d’extrémiste Charlie Hebdo qui a refait la même caricature qui a tué ses journalistes. Rien n’explique ces dessins car ils choquent tous les musulmans du monde entier ; Même ceux qui se disent Charlie. Respectez nos valeurs et notre religion, nous respecterons votre athéisme. Etre athée c’est un choix, mais n’attaquez pas de grâce la religion des gens. Est-ce que les musulmans ont choisi d’être dans cette tourmente ?
C’est Charlie qui a créé cet amalgame. Charlie même si tu es touché par ce que tu as provoqué, laisse les musulmans et leur prophète tranquille sinon tu n’es pas mieux que Boko haram ou l’Etat Islamique. Tu es extrémiste !