Economie en question: Quelle politique pour l’essort économique de l’Afrique

22 avril 2015

Economie en question: Quelle politique pour l’essort économique de l’Afrique

Le développement économique et social fait référence à l’ensemble des mutations positives que peut connaître une zone géographique. On a tendance trop souvent à confondre cette définition avec celle de la croissance économique. En effet la croissance économique est habituellement nécessaire ou consécutive au développement, mais elle n’en est qu’un aspect. Il existe même des zones en croissance par simple inertie de tendance ou sous l’effet de dopants artificiels de types dits keynésiens, sans pour autant connaître les transformations de structure et la « destruction créatrice » propres au développement, qui assurent sa pérennité. Cela peut conduire à un épuisement des ressorts de la croissance. On peut alors retrouver le phénomène de cycle de vie (de l’émergence à l’expansion puis au plafonnement et enfin au déclin) étudié en marketing.
Le développement économique nécessitant notamment de la création de richesses, on associe développement économique et « progrès », puisqu’il entraîne, généralement, une progression du niveau de vie des habitants. On parle alors d’amélioration du bien-être social (au sens économique). La volonté de concilier simple développement économique et progrès ou amélioration du bien-être a mené à forger, à côté des indicateurs de développement traditionnels (PNB, PIB), d’autres indicateurs, tels que l’indice de développement humain (IDH), qui prend en compte la santé, l’éducation, le respect des droits de l’homme (dont font partie, depuis 1966, les droits économiques et sociaux, etc. Les paramètres économiques et sociaux pour la mesure du développement sont indiqués dans l’article « Pays en développement ». La différence entre croissance économique et développement social est mal perçue dans le grand public [1]. Le bien-être social doit être distingué de la production économique [2]. Le bien-être est pluridimensionnel. D’autres composants existent à côté du bien-être matériel [3].
Dans le cadre de la présente réflexion nous allons nous intéresser au politique à suivre dans certains pays en développement pour assurer économique et social. Mais avant il nous parait judicieux d’abord de faire une ébauche des principaux cause qui entravent le développement de façon générale et plus spécifiquement dans ces pays.
L’Afrique noire ou tropicale est dans une situation économique désastreuse. Le FMI et la Banque mondiale ont placé la plupart des pays sous tutelle. Ces années de rigueur n’ont rien arrangé : la situation sociale s’est au contraire dégradée. Les intellectuels se posent alors la question : comment sortir l’Afrique de son sous-développement ?

La colonisation de l’Afrique noire a été une épreuve tant le milieu naturel est hostile même sur Les côtes : fleuves en rapides ou désert sahélien, si bien que les Européens ont souvent préféré s’installer durablement en Asie ou en Amérique. La résistance de l’Afrique à son dépeçage a été faible comme la résistance à la « livraison des esclaves ». Les investissements européens se sont limités à puiser cette main d’œuvre et à édifier quelques mines. L’Afrique tropicale ne fut redécouverte que sur le tard, après la seconde guerre mondiale, lorsque les puissances coloniales eurent besoin de redorer leur blason de conquérant. Au bout du compte, la colonisation n’a été qu’un moment dans l’histoire de l’Afrique.

Le mot crise pour désigner la situation actuelle de l’Afrique convient-il ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une transition ? Il est vrai que l’Afrique noire (expression discutable) cumule des revenus inférieurs à ceux de la Belgique. En tendance comme avec les actuelles statistiques, nous parlons d’une des régions les plus pauvres au monde. La plupart des pays sont endetté même si ces données doivent être corrigées par le fait qu’une partie de la production est invisible ; qu’une partie de la population vit de sa production sans que celle-ci soit recensée. La croissance démographique est un facteur d’explication de la situation économique difficile ; elle engendre deux effets pervers : raréfaction des actifs et explosion d’une population jeune.
Les sécheresses qui se sont succédé depuis les années 60, l’avancée du désert ont provoqué des crises agricoles graves. Les agriculteurs africains sont de plus handicapés par leur mauvaise maîtrise des techniques de conservation de l’eau et d’irrigation comme ils le sont aussi par les médiocres infrastructures routières. A cela s’ajoute le nombre des pays en guerre et donc de réfugiés. Le taux d’urbanisation a augmenté même s’il demeure très sensiblement inférieur à celui de l’Asie. L’exode rural joue un rôle important dans cette croissance. Or les villes ne proposent qu’un nombre d’emplois dérisoire en l’absence de véritable politique industrielle.
Les matières premières représentent un poids écrasant dans la production et les échanges. Mais les pays européens se sont détournés des investissements miniers plus coûteux en Afrique avec la chute du prix des transports maritimes qui permet de puiser plus loin. C’est également la tendance pour la production agricole. L’Afrique n’a pas profité de la croissance mondiale depuis les années 60 et son tissu industriel ne s’est pas du tout modernisé. Ce constat ne doit pas faire oublier les erreurs commises par les investisseurs qui ont souvent raté leur cible : usines inadaptées et aide inappropriée.

Les États africains sont comme l’économie : en crise et désemparés. Les services et les infrastructures sont dégradées ; la fonction publique mal payée et donc gangrenée par la corruption. Inégalité entre les régions, insécurité dans les villes, abandons de projets agricoles et industriels : la seule solution trouvée par les États est la privatisation à outrance mais les usines ne trouvent pas preneur. Une société de subsistance s’organise ou une contre-société de trafics qui enfante ses gagnants et ses perdants. L’État se prive ainsi de ressources fiscales et douanières.
Les causes du sous-développement africain sont complexes et multiples. Les facteurs historiques sont nombreux : la mono-industrie s’explique par le passé colonial de l’Afrique (l’organisation du territoire favorise le développement côtier) mais la colonisation n’explique pas tout ; l’Afrique semble un continent oublié par les échanges mondiaux ; l’importation de modèles de développement n’a pas été une réussite (marxisme planificateur et orienté vers l’industrie lourde). Il n’y a plus « une » Afrique mais « des » Afriques tant le niveau du développement est divers et varié. En effet, il est difficile de parler d’une seule Afrique car les taux d’accroissement naturel varient sensiblement entre l’Afrique du sud, en phase descendante, et le Niger par exemple. L’Afrique est encore un continent rural même si la croissance urbaine est devenue impressionnante. Or les Africains font preuve d’une grande ingéniosité dans la culture de leurs terres et l’adaptation aux climats. La question est aujourd’hui de trouver un véritable levier pour sortir d’un développement lent et loin d’être harmonieux.
Le temps est venu pour une nouvelle approche du développement en Afrique. A contre-courant de la tendance mondiale, les perspectives économiques des pays du continent sont très favorables pour les prochaines années. Les modèles de développement fondés sur l’aide extérieure, le secteur caritatif, la dette souveraine, ou encore l’export des produits primaires, ne sont plus adaptés à l’Afrique qui se construit. Nous devons nous montrer à la hauteur de ces évolutions et adopter une approche innovante, fondée sur un changement durable et transformateur et reposant sur des investissements à long terme qui assureront la prospérité économique et sociale du continent. En permettant la création de richesses économiques nouvelles répondant à nos priorités de développement. Ce modèle de développement doit proposer des solutions durables aux différents défis auxquels fait face l’Afrique aujourd’hui: la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire, ou encore la sécurité nationale et la stabilité sociale. En effet, plus le secteur privé jouera un rôle dans l’amélioration de ces problématiques, plus l’Afrique bénéficiera d’un environnement économique stable et productif, ainsi que d’une autonomie accrue dans la résolution de ses problèmes socio-économiques.
D’un point de vue politique, les dirigeants doivent avoir à l’esprit les réelles préoccupations de la population dans la formulation des politiques économiques. La lutte contre la corruption, la gabegie, le passe-droit, le clientélisme, le favoritisme et l’impunité doit être une réalité concrète et cela passe par le renforcement de la culture citoyenne à travers un changement de comportement à tous les niveaux. D’un point de vue régional le renforcement de la coopération, et l’indépendance des institutions régionales comme l’UEMOA peuvent être des véritables leviers pour le développement de l’Afrique ;

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