L’économie en question: Sortir les états de la crise et empêcher leur solvabilité

22 avril 2015

L’économie en question: Sortir les états de la crise et empêcher leur solvabilité

Dans le cadre de la présente réflexion nous allons essayer de donner notre avis sur les mesures prises pour lutter contre la récente crise monétaire en Europe, aux Etats-Unis et aux japons. Mais avant il nous parait judicieux de faire la genèse de l’installation de cette crise en commençant par la période phare. Ensuite nous essayerons d’analyser les différentes mesures dans leur portée et limite en se basant sur les réflexions existant à ce sujet.
En automne 2008, le monde avait fait face à une aggravation de la crise financière. En effet depuis le déclenchement de la crise des « subprimes » aux Etats-Unis en été 2007, le choc s’est propagé rapidement dans le monde et a pris de court les décideurs politiques qui ne mesure que tardivement l’ampleur et la nature actuel de la crise avec l’effondrement des différents actifs. En fait la crise des subprimes s’apparente initialement à une crise immobilière banale comme celles que nous avons connues maintes fois dans le passé. Mais avec les faillites de plusieurs grandes banques américaines et européennes cette crise frappe de plein fouet le système économique mondial. Face à l’ampleur de cette crise systémique Beaucoup des gouvernements notamment de l’Europe se sont mobilisés pour en faire face. Voyons tout d’abord le développement de la crise aux Etats-Unis.
Le cas des Etats-Unis
Le marché des subprimes
Le marché des « subprimes » est constitué de prêts risqués qui peuvent être hypothécaires (immobiliers ou rechargeables), des cartes de crédit, de la location de voitures et autres, accordés à une clientèle peu solvable ou à l’historique de crédit difficile. Ce marché s’est largement développé aux États-Unis à partir de 2001, passant d’un montant de 200 milliards de dollars pour les prêts hypothécaires en 2002 à 640 milliards de dollars en 2006. Ce montant représentait 23 % du total des prêts immobiliers souscrits10. La croissance de ce marché a tout d’abord été encouragée par des taux historiquement bas qui ont incité les institutions de crédit à accroître la part du subprime dans leur portefeuille et à profiter des importantes marges de risque imposées à ces crédits.
La crise des subprimes et l’effet de contagion
Avec la baisse du marché immobilier américain, la valeur des habitations est devenue inférieure à celle du crédit qu’elles devaient garantir. Ainsi, les établissements de crédit, censés pouvoir récupérer leurs mises en vendant les habitations hypothéquées, se retrouvèrent sans moyen rapide de redresser leur bilan, puisque vendre ces biens ne suffisait plus à couvrir leurs pertes. L’afflux de mises en vente des biens saisis a même aggravé le déséquilibre du marché immobilier où les prix se sont effondrés. En août 2007, un site spécialisé faisait état de plus d’un million de défauts de paiement constatés14, mais chaque constat de défaillance ne mène pas à la faillite de l’emprunteur. Les banques essayant généralement de trouver des solutions de rééchelonnement de prêts lorsqu’elles pensent que le débiteur ne traverse qu’une difficulté passagère. Au-delà de la chaîne des effets directs (insolvabilité des emprunteurs subprime, faillite des sociétés de crédit spécialisées, pertes de la part des grandes banques qui les détenaient ou travaillaient avec elles), l’essentiel des effets de la crise du subprime est indirect. En effet, La première courroie de la crise réside dans le phénomène de la titrisation de créances. La titrisation est l’opération financière, méconnue de l’emprunteur, par laquelle une banque revend ses créances sur des marchés spécialisés, souvent groupées avec d’autres valeurs. Ce qui lui permet à la fois de se refinancer et de réduire son risque (qui est reporté sur les investisseurs qui achètent ces créances). La titrisation est devenue un phénomène courant depuis le début des années 2000. Les créances titrisées sont rachetées par des investisseurs (fonds d’investissements classiques, fonds plus spéculatifs, etc.).Le marché du subprime a été massivement financé par la titrisation, les créances étant regroupées dans des véhicules de financement ad hoc24 et transformées en titres négociables souscrits par des investisseurs.
Cependant, à partir du début 2007, la crise des crédits subprimes a jeté le doute sur l’ensemble des véhicules de titrisation de créances, en premier lieu les créances hypothécaires portant spécifiquement sur l’immobilier d’habitation américain ((en) residential mortgage backed security, ou RMBS), mais aussi les paquets de créances diversifiées appelés CDO ((en) Collateralised debt obligation). Ce sont en fait toutes les formes de véhicules de titrisation de crédit (ABS, RMBS, CDO et leurs variantes) qui sont devenues suspectes, aux yeux des investisseurs, au début et surtout durant l’été 2007, de peur qu’ils ne portent des créances à risque en général et subprimes en particulier
Gestion de la crise
Les premières mesures sont destinées à empêcher que les ménages qui font face à des taux d’intérêt particulièrement élevés ne se retrouvent en situation de défaut de paiement et ne soient contraints de vendre leur maison. Ensuite le gouvernement a notamment proposé que la Federal Housing Administration modifie ses règles de manière à assouplir les conditions de refinancement exigées des emprunteurs, ainsi que de modifier le régime fiscal pour faire en sorte que des sommes radiées de la valeur d’une maison par des institutions financières ne soient taxées par le gouvernement fédéral. Cependant le gouvernement estime tout de même que sone rôle dans ce dossier est limité, et qu’il n’est pas de son ressort de se porter à la rescousse de spéculateurs ou d’investisseurs ayant pris de mauvaises décisions.
Par ailleurs, les agences de notation (Standard & Poor’s, Moody’s, Fitch) sont accusées d’avoir mal évalué le risque de ces produits et, partant, la notation associée à ces produits. En outre, avec la baisse importante des émissions de produits structurés qui représentaient la moitié de leurs revenus, ces agences ont dû lancer des plans de licenciement : Standard & Poor’s a annoncé le 8 décembre 2007 un plan pour réduire ses effectifs de 3 %20.
Les représentants du G7 ont appelé à plus de transparence dans le travail des agences de notation21. L’actuelle présidente du Fond Monétaire Internationale Christine Lagarde a développé cette position en indiquant préférer à de nouvelles lois22 une régulation du système bancaire par lui-même. Elle a repris cette idée en septembre 2008, déclarant que les problèmes des marchés financiers étaient principalement dus à une absence de marché et non à son supposé excès
En définitive Aux États-Unis, l’État s’est résolu à procéder à la nationalisation au cas par cas d’établissements en difficultés, après avoir présenté début septembre 2008, sans grand succès, puis fait voter en deux temps début octobre, le plan Paulson, qui prévoit que l’État rachète 700 milliards de dollars d’actifs à risque.
Le cas européen
Par le biais de la contagion notamment à travers les créances titrisées et le caractère mondialisé de l’économie l’Europe se trouve embarqué de façon indirecte dans cette crise. Pour le cas européen nous allons mettre l’accent sur les mesures imposées pour juguler la crise.
Les mesures imposées en Europe pour juguler la crise
Il faut dire d’entrée de jeu que l’Europe a choisi l’austérité pour juguler la crise. En effet des plans d’austérités sont imposés aux pays victimes de la crise économique. Ces plans imposés à la Grèce, l’Italie et l’Espagne se basaient principalement sur une imposition des coupes budgétaires dans les dépenses publiques et l’augmentation de la pression fiscale. Cela a eu pour conséquence une grave crise du système social et du niveau de l’emploi. En fait le taux de chômage a atteint une proportion vertigineuse.
A ces mesures s’ajoutent la réduction des allocations de chômage, les transformations sur le système de la retraite, la suppression des services sociaux, les réductions des couts de l’instruction et de la culture.
Ces mesures sont discutables à tout point de vue. Le constat est que l’austérité n’est pas la solution pour sortir de la crise. En effet selon Joseph Stiglitz, analysant le rôle des marchés financiers dans crise, affirme qu’eux-mêmes ne sont pas stables. Au contraire, ils ont généré des « bulles déstabilisantes » et les mesures d’austérité ne corrigent pas cet aspect du marché. On remarque que la crise selon toujours le prix Nobel est due au comportement des gouvernements face aux marchés financiers. L’implication des gouvernants est importante dans le rôle du marché.
Un autre facteur important analysé par cet économiste c’est le rapport entre l’offre et la demande. En effet selon lui les réformes ne doivent pas seulement être exécutées d’un point de vue de l’offre, parce qu’en réalité c’est la demande qui guide la production. Les mesures d’un point de vue de l’offre aggravent l’absence de la demande. Même la réduction de l’inégalité augmenterait la demande de biens et services.
Aussi en lieu et place des coupes budgétaires sur les dépenses publiques, les économistes concordent su l’importance de la hausse de la dépense publique, qui agit comme force de stabilisation, en soutenant l’achat qui ne peut être fait par les privés. Ainsi faut-il le souligner les investissements publics ont été à la base de la croissance économique américaine, après la grande dépression. Ces investissement ont aussi un effet positif sur les privés, parce qu’ils en augmentent le revenu ;
Mais qu’en est-il du Japon ?
Le Japon et la récente crise
Il faut dire que le Japon, qui avait dû régler sa propre crise immobilière et bancaire dans les années 1990, a eu le sentiment d’être épargné par la crise des subprimes. Le Japon avait ainsi, au départ, tendance à donner des conseils au sein des instances internationales sur la manière dont il avait réglé sa propre crise durant les années 1990. Il reconnaissait avoir alors manqué de réactivité, n’abaissant le principal taux directeur de la banque centrale qu’au bout de trois ans de crise et prenant des mesures pour renflouer les banques seulement à la fin des années 1990.
Le Japon est toutefois entré en récession au troisième trimestre 2008, avec une brutalité qui a surpris. Cette forte dégradation économique s’explique, notamment, par l’effondrement des exportations japonaises, en raison du ralentissement économique des principaux partenaires commerciaux, Chine et Etats-Unis en particulier.
Les mesures prise pour sortir de la crise
Au niveau de la banque
Face à cette situation, la Banque du Japon (BoJ) a assoupli sa politique monétaire et recherche de nouvelles voies pour faciliter le refinancement des institutions financières.
Son principal taux directeur a ainsi été ramené de 0,5 % à 0,3 %, puis à 0,1 %, les 31 octobre et 19 décembre 2008. Cette mesure n’a cependant eu qu’un impact limité sur l’économie réelle, en raison du caractère déjà extrêmement accommodant de la politique monétaire. En outre, à un tel niveau, le taux directeur apparaît désormais neutralisé dans ses fonctions de relance ou de stabilisation de l’économie.
Au niveau du gouvernement
De son côté, le gouvernement japonais a annoncé un plan de relance d’un montant global de 75.000 milliards de yens, soit environ 564 milliards d’euros.
Les mesures financières présentées par le gouvernement japonais sont notamment constituées par des garanties de crédit aux PME, le rachat éventuel d’actions détenues par les banques et une possible injection de fonds publics dans le capital des banques régionales.
Les mesures budgétaires comprennent des mesures de soutien à l’investissement des entreprises et des particuliers ; des crédits à destination des collectivités locales pour la revitalisation du tissu économique local et pour soutenir le secteur agricole ; des mesures de soutien à la consommation, sous la forme de chèques distribués aux ménages, ce qui a fait l’objet de controverses ; enfin, des dépenses en faveur de l’emploi ainsi que du système de protection sociale. Bien qu’elle ne soit pas épargnée par la crise, l’industrie automobile ne bénéficie pas de mesures de relance spécifiques, les mesures consacrées à l’emploi, qui ont un impact positif sur ce secteur, étant considérées comme suffisantes.

Conclusion
La mobilité internationale des capitaux est un obstacle à la mise en œuvre des politiques économiques: les banques centrales, ainsi que les autorités budgétaires et fiscales, sont sous la coupe des marchés, toujours prompts à sanctionner par la spéculation des politiques jugées non conformes à leurs intérêts. Sans doute ce qui explique l’inefficacité des mesures imposées pour sortir de la crise récente. Aussi, La dépendance des pays envers les marchés financiers résultant du modèle de développement imposé par les politiques néolibérales pousse les pays au lieu de se centrer sur leur épargne et leur marché intérieurs, à orienter leur activité productive et financière vers les échanges internationaux, surtout lorsqu’ils sont endettés à la suite de déficits antérieurs ce qui accroit la contagion et leur vulnérabilité à la crise. Ce qui fait toutes les mesures tendant à maintenir le statuquo économique, comme la diminution du taux directeur par le Japons ont été nul dans la résolution, il faut donc pour retrouver des marges de manœuvre, que les pays soient en mesure de se protéger, ce qui revient à mettre en cause la logique libérale qui donne la primauté à l’ouverture extérieure. Il s’agit donc de garantir, au niveau international, le droit des pays à réduire leur ouverture extérieure afin de mener à bien leurs propres politiques. Contrairement à ce que laisse entendre la doctrine néolibérale, l’analyse économique et l’expérience démontrent le bien-fondé des politiques de contrôle des capitaux, aux niveaux national et international.
La crise récente donne raison à Keynes, sur la relation entre l’offre et la demande. Renforce les partisans de l’interventionnisme de l’état dans l’économie. Les mesures imposées ont sans doute oublié cet état de fait.

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